La Troupe « Kreyòl » de Lascahobas au festival « Kont Anba Tonèl »
Le groupe Kreyòl de Lascahobas
Le festival « Kont Anba Tonel » se poursuit sous la férule de « Foudizè Théâtre ». Et l’Institut français en Haïti (IFH) a été, le jeudi 30 mars, l’endroit idéal pour venir se requinquer de plaisir dans une ambiance ponctuée de rythmes et de folies bien assumés. Récit.
Sept heures. La scène est vide. Deux tambours commencent à retentir. Une invitation bien martelée. Godson Dély et son collègue tambourineur ont les mains et les doigts qui racontent. Des vibrations passées au crible qui conduisent à des sommets inimaginables. On est en plein dans une Haïti profondément singulière. Le « kabiyen » simple de la troupe Kreyòl se mêle à une si drôle d’ambiance. Plutôt unique par sa signifiance et par sa façon d’éberluer l’assistance.
D’autres musiciens prennent place. La danse est terroir. La voix du chanteur maestro aussi. Cinq couples, un peu étranges, mais sûrs d’eux, investissent le podium, esquissent au gré de pas guindés, un pan succulent d’une Haïti fière, égale à elle-même, baignée dans son héritage culturel. Le folklore est là, revendiquant par des modulations fulgurantes, sa véritable essence. Le public est plutôt pris par surprise. La danse lui est étrange.
« Le kabiyen » simple et la contredanse peuvent, par mesure, se confondre aux accords rébarbatifs d’un accordéon plaintif. Mais le tout est admirable. On a raison de se souvenir des soirées de conte sous le regard olympien des lunes estivales. Ceux qui ont connu leurs grands-parents doivent en garder une belle réminiscence. Ce qui n’est peut-être pas une habitude port-au-princienne.
Chelson Ermoza ne met pas de côté son énergie. Toujours des choses à raconter. Ses histoires de rois, princes, princesses et monstres sont à portée d’esprit. La danse se mêle de la partie comme un jalon non négligeable. Elle commente. Elle tient en haleine et invite au plaisir. Rien de factice. Le non-sens est rehaussé. Pris à deux mains. Une façon bien audacieuse et factuelle de se moquer des spectateurs. Billy Elucien, metteur en scène et cheville infatigable de « Foudizè » peut se targuer d’avoir atteint sa cible.
Une soirée atypique. Un groupe étrangement fascinant. Un conteur hilarant. L’Institut français a fait bonne moisson.
Lord Edwin Byron
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